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L'analyse morphologique (champs des possibles) :
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But
L’analyse
morphologique vise à explorer de manière systématique les futurs possibles
à partir de l’étude de toutes les combinaisons issues de la décomposition
d’un système. L’objectif de l’analyse morphologique
est la mise en évidence de procédés ou de produits
nouveaux en prévision technologique mais aussi la construction de
scénarios.
Description
de la méthode
L’analyse
morphologique est la plus ancienne des techniques présentées dans cette
boîte à outils, puisqu’elle a été formalisée par le chercheur américain F.
Zwicky au cours de la seconde guerre mondiale. L'analyse morphologique, telle
qu'elle est mise en œuvre à partir du logiciel Morphol, comporte deux phases
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Phase 1
: la construction de l'espace morphologique
Il s'agit dans cette première étape de
décomposer le système ou la fonction étudiée en sous-systèmes ou
composantes. Dans cette décomposition du système, le
choix des composantes est délicat et nécessite une réflexion approfondie
réalisée par exemple à partir des résultats de l’analyse structurelle.
Il convient tout d'abord d'avoir des composantes aussi indépendantes
que possible . Elles doivent par ailleurs rendre compte de la totalité
du système étudié. Mais trop de composantes rendront vite impossible l'analyse
du système, a contrario trop peu l'appauvriront sûrement, d'où la nécessité
de trouver un compromis.
Chaque composante peut naturellement prendre plusieurs configurations. Dans
l’exemple des scénarios globaux dont la grille d’analyse morphologique est
présentée ci-après, un scénario donné sera caractérisé par le choix
d'une configuration spécifique sur chacune des
composantes. Il y aura ainsi autant de scénarios
possibles que de combinaisons de configurations. L’ensemble de ces combinaisons
représente le champ des possibles, encore appelé espace morphologique.
L'espace morphologique présenté, se composant de sept composantes
ayant chacune entre trois et quatre configurations, permet a
priori d’identifier un nombre important de
combinaisons possibles, très exactement 2916 soit le
produit du nombre de configurations (3 x 3 x 3 x 3 x 3 x 3 x 4). L'espace
morphologique croît donc très vite, ce qui est relativement courant en prospective
exploratoire. Le risque d'être noyé par la combinatoire est bien réel.
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Phase 2 :
la réduction de l'espace morphologique
Toutefois, certaines combinaisons, voire même
certaines familles de combinaisons sont irréalisables (incompatibilités
entre configurations, etc.). La deuxième phase du travail consiste donc à
réduire l'espace morphologique initial en un
sous-espace utile, par l'introduction de contraintes d'exclusion, de critères
de sélection (économiques, techniques..) à partir duquel les combinaisons
pertinentes pourront être examinées.
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Utilité et
limites
Les domaines
d'application de l'analyse morphologique sont multiples : la construction
de scénarios exploratoires et tous les domaines d'innovation et de recherche
d'idées nouvelles.
Bien que surtout utilisée en prévision technologique, cette méthode se prête
de plus en plus fréquemment à la construction de
scénarios, les dimensions (composantes) démographique,
économique, technique ou sociale pouvant être
caractérisées par un certain nombre d'états possibles (hypothèses ou configurations),
un scénario ne sera alors rien d'autre qu'un cheminement, une combinaison
associant une configuration de chaque composante.
Très stimulante pour l'imagination, l'analyse morphologique permet un balayage
systématique du champ des possibles. Pour ne pas être noyé par la combinatoire,
il faut apprendre à naviguer au sein de l'espace morphologique grâce
à des critères de choix grâce au logiciel Morphol.
La première limite de l'analyse morphologique découle du choix des composantes,
en omettant une composante ou simplement une configuration essentielle
pour le futur, on risque d'ignorer toute une face du champ des possibles
(qui n'est pas borné mais évolutif dans le temps).
La deuxième limite vient bien sûr de la combinatoire qui, très vite, submerge
l'utilisateur. L'une des solutions, nous l'avons vu, est
d'introduire des critères de sélection, des contraintes
d'exclusion ou de préférence et d'exploiter le sous-espace
morphologique utile.
Conclusion
pratiques
L'analyse
morphologique est une méthode assez simple à mettre en oeuvre mais la
combinatoire fait peur et c'est sans doute la raison qui en a limité la
diffusion.
La
simplicité de la méthode et la disponibilité du logiciel Morphol ont depuis
quelques années incité à son utilisation. Il y a fort à parier que la
méthode continuera à connaître un intérêt dans les années à venir, tout
particulièrement pour la construction de scénarios globaux où elle permet de
balayer de façon relativement exhaustive le champ des scénarios possibles.

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