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La méthode DELPHI (interrogation d'esperts) :
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But
La méthode
Delphi a pour but de mettre en évidence des convergences d’opinion
et de dégager certains consensus sur des sujets précis, grâce à l’interrogation
d’experts, à l’aide de questionnaires successifs.
L’objectif
le plus fréquent des études Delphi est d’apporter l’éclairage des experts
sur des zones d’incertitude en vue d’une aide à la décision.
Cette
méthode se rapproche de celle de l'utilisateur
pilote. Ces deux méthodes
résument bien toutes les techniques employables afin d'obtenir de l'innovation
par les experts (en particulier, experts externes à l'entreprise)
Description
de la méthode
La technique
a connu de nombreuses versions différentes, nous présentons ici la
démarche d’origine.
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Phase
1 : formulation du problème
C’est une étape fondamentale dans la
réalisation d’un Delphi. En effet, dans une
méthode d’experts, l’importance de la définition précise du domaine d’investigation
est d’autant plus grande qu’il faut être bien certain que les experts
recrutés ont tous la même notion de ce domaine.
L’élaboration du questionnaire doit se faire selon certaines règles :
les questions doivent être précises, quantifiables
(elles portent par exemple sur les probabilités de
réalisation d’hypothèses et /ou d’événements, le plus souvent sur
des dates de réalisation d’événements), et indépendantes (la
réalisation supposée d’une des questions à une
date donnée n’a pas d’influence sur la réalisation
d’une autre question).
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Phase 2
: choix des experts
Cette étape est d’autant plus importante que
le terme d’expert est ambigu. Indépendamment de ses
titres, de sa fonction ou de son niveau hiérarchique, l’expert
sera choisi pour sa capacité à envisager l’avenir.
Le manque d’indépendance des experts peut constituer un inconvénient, c’est
pourquoi, par précaution, les experts sont isolés et
leurs avis sont recueillis par voie postale et de façon
anonyme : on obtient donc l’opinion de chaque expert,
et non une opinion plus ou moins faussée par un processus de groupe (pas
de leader).
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Phase 3
: déroulement pratique et exploitation des résultats
Le questionnaire est envoyé aux experts (une
centaine au moins car il faut tenir compte des
non-réponses et des abandons : le groupe final ne doit pas être inférieur
à 25). Il est bien sûr accompagné d’une note de présentation précisant les
buts, l’esprit du Delphi, ainsi que les conditions pratiques de déroulement
de l’enquête (délai de réponse précisé et
anonymat garanti).
De plus, pour chaque question, l’expert doit évaluer
son propre niveau de compétence.
Des questionnaires successifs sont envoyés afin de diminuer la dispersion des
opinions, et de préciser l’opinion consensuelle
médiane. Au cours du deuxième tour, les experts,
informés des résultats du premier tour, doivent fournir
une nouvelle réponse et surtout sont tenus de la justifier si elle est fortement
déviante par rapport au groupe. Au cours du troisième tour, on demande
à chaque expert de commenter les arguments des déviants. Quant au quatrième
tour, il donne la réponse définitive : opinion consensuelle médiane et
dispersion des opinions (intervalles interquartiles).
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Utilité et
limites
L’un des
avantages du Delphi est la quasi certitude d’obtenir un consensus à l'issue
des questionnaires successifs (mais attention : convergence ne signifie pas
cohérence). Par ailleurs, l’information recueillie au cours de l’enquête
sur les événements, tendances, ruptures déterminants
pour l’évolution future du problème étudié est
généralement riche et abondante. Enfin, cette méthode peut
s’utiliser tant dans le domaine de la gestion, de l’économie, la
technologie que dans celui des sciences sociales.
Plusieurs contraintes limitent la portée de la méthode qui se révèle longue,
coûteuse, fastidieuse et intuitive plutôt que
rationnelle. La procédure contraignante (plusieurs tours
d’enquête) est, de plus, discutable car seuls les experts
qui sortent de la norme doivent justifier leur position. Toutefois, on peut
aussi considérer que l’opinion des déviants est, en termes prospectifs, plus
intéressante que celle de ceux qui rentrent dans le rang. Enfin, les interactions
possibles entre les hypothèses considérées ne sont pas prises en compte
et est même par construction évitée, ce qui a conduit les promoteurs de la
méthode Delphi à développer des méthodes d’impacts croisés probabilistes.
Conclusions
pratiques
En apparence
Delphi est une procédure simple, facilement applicable dans le cadre
d’une consultation d’experts. Pourtant, les échecs ou les déceptions risquent
de conduire "les utilisateurs amateurs" à se décourager. Cette méthode
permet d’obtenir des consensus. Elle convient donc bien aux applications
décisionnelles, mais elle doit être adaptée en fonction de l’objectif de
l’étude pour la prospective. En particulier, il n’est pas nécessaire
d'obtenir à tout prix une opinion consensuelle médiane
mais plutôt de mettre en évidence plusieurs groupes de
réponses par l’analyse de points de convergence
multiples.
Delphi est
sans doute la technique qui, depuis une quarantaine d’année, a fait l’objet
du nombre le plus important d’applications dans le monde entier. Toutes
ne respectent cependant pas la procédure décrite plus haut. Certaines n’ont
de Delphi que le nom et ne sont que des questionnaires par voie postale sur
des sujets prospectifs.
A partir de cette procédure originale, d’autres approches ont été
développées. Ainsi, le mini-Delphi propose une
application en temps réel de la démarche : les experts
sont ensemble dans un même lieu et débattent de chaque question avant
d’y répondre. Plus généralement, l’utilisation de nouveaux modes d’interaction
avec les experts, comme le courrier électronique, tend à se développer
et à rendre la procédure plus souple et plus rapide.
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